C’est une joie, début septembre nous avons pu ouvrir avec une vingtaine d’enfants. Nous avons eu la chance de trouver une stagiaire merveilleuse qui s’est non seulement acclimatée au pays mais qui a su parfaitement trouver ses marques avec les enfants. Elle ne se trouvait pas seule à nous aider, Lisiane Gobet est notre responsable pédagogique, elle a fait un travail formidable qui nous a bien sûr rendu les choses plus aisées pour appréhender cette ouverture.

C’est donc une équipe de choc, les 3 mousquetaires accompagnées de l’institutrice, me Rose-Andrée, qui ouvrit les portes de ce centre CAJEDD (centre d’accueil de jour pour enfants défavorisés de Delmas). Les enfants ont  trouvé une structure sociale avec des règles qu’ils ne trouvent pas à la maison. Dans la rue ou chez eux, ils sont plus facilement frappés quand une chose déplait à leurs parents ou à leurs camarades, la violence existe davantage dans des milieux précaires où chacun tente de s’en sortir. Il a donc été difficile au début de leur faire comprendre que les conflits ne se réglaient pas par la violence. D’où l’insistance et l’importance du règlement du Centre. Nous leur avons expliqués qu’à l’intérieur du Centre il y avait une charte (le droit de l’enfant) et que pour cela ils ne seraient pas battus mais protégés et aimés. Ils se bagarrent encore de temps en temps comme des enfants de leur âge mais ont compris le sens du mot « confiance ».

Le but de ce Centre est bien sûr que ces enfants ne soient plus dans la rue à faire des bêtises et à se blesser, mais aussi leur apporter une alimentation saine (chose que les parents n’ont malheureusement pas la possibilité de leur offrir), fruits, jus de fruit frais, légumes, viande, poissons…  et parfaire leur éducation. Les enfants qui ne peuvent aller à l’école suite à la pauvreté de leurs parents viennent le matin, nous essayons de faire au mieux pour leur apprendre (selon leur âge) ce que tout enfants a le droit de savoir: lire, écrire, calculer, l’histoire du pays…. Les enfants qui vont à l’école viennent la journée pour faire leurs leçons, les parents ne peuvent souvent pas les aider pour cette tâche car souvent ils n’ont pas été à l’école eux-mêmes. Ils ont tous un encadrement familial donc ils ne restent pas pour dormir. Nous leur apportons aussi un soutien médical. Une pédiatre de la zone nous reçoit dans son cabinet pour les soins pour une modique somme.

Les choses évoluent assez rapidement malgré la lenteur du pays. Un exemple, pour les papiers du Centre (papier qui fait que l’association soit reconnu dans le pays pour ouvrir ce Centre) nous avons quand même dû attendre 6mois pour les obtenir. Mais quelle joie de les avoir enfin en main, ce dire que ce projet merveilleux que j’ai rêvé depuis ma première visite dans ce pays en 2009 est enfin réalisé. Se dire que des personnes qui sont de l’autre côté de la terre nous suivent et nous soutiennent autant moralement que financièrement me chauffe le coeur et me  renforce dans l’idée que ce que nous faisons n’est pas vain. Qu’une simple goutte de pluie peut agrandir un ruisseau, puis devenir rivière pour se finir en un magnifique océan de paix et de partage humain.

A l’heure où je vous explique tout cela nous avons atteint les 36 enfants et nous espérons arriver à 50 à la rentrée 2014.

Un comité Haïtien a été fondé, dès le départ, pour que par la suite ils deviennent autonomes au niveau du fonctionnement et de la gestion du personnel. Une équipe qui fait de son mieux pour apprendre et faire que les enfants soient ce qui doivent être, des enfants et juste ça. Car un problème subsiste dans ce pays, les restavek, enfants esclaves, vendus à la famille ou à l’étranger pour faire des tâches ménagères afin de payer leur école ou leur nourriture. Grâce au centre nous essayons aussi de communiquer avec les parents pour leur expliquer certaines choses. Soit leur montrer qu’il ne faut pas frapper les enfants (pratique qui se fait encore régulièrement dans ce pays) soit leur expliquer qu’il ne faut pas acheter des médicaments dans la rue sans avoir vu un médecin, leur expliquer de quel côté ils peuvent trouver des hôpitaux soit gratuits soit moins cher au cas où le centre soit fermé.