Matthew, un beau nom mais une catastrophe pour Haïti.

Je vous écris pour vous donner des nouvelles de ce beau pays. Déjà affaibli par le tremblement de terre de 2010, le pays se relevait faiblement mais avec fierté de ce terrible « goudougoudou » ( tremblement de terre en créole). Les familles, bien que démunies par les éléments naturels, me disaient à chaque fois que je les croisais: nap kenbé, nou pap mouri (nous tenons debout, on est pas mort).

Maintenant que la vie reprenait le dessus, les gens, même péniblement, vivaient du mieux qu’ils le pouvaient avec fierté. Un nouvel incident naturel et tout est remis en cause. Que faire contre la nature? Rien, elle prend le dessus, elle donne ou prend comme elle le veut.  Elle foudroie des vies au passage. Des villages entiers détruits, des cultures rasées, des maisons envolées et écrasées. Le sud du pays n’existe presque plus. S’il n’est pas possible de stopper la nature, il est possible pour l’homme de se préparer, de se protéger. Mais pour cela, l’état et les communes doivent mettre en place des moyens et vérifier que les constructions de ponts ou maisons soient au normes et entretenus.

Ma famille qui me tient au courant des nouvelles données en Suisse, me dit qu’il y a environ 900 morts. Je ne peux bien sur pas m’avancer sur ce sujet, mais étant ici je peux vous dire que le bilan sera plus lourd. Tous les corps n’ont été jusqu’à ce jour pas tous retrouvés. De surcroit, le choléra et autres épidémies vont contribuer à alourdir ce nombre.

Pendant les 3 jours d’alertes rouge, nous ne pouvions pas faire venir les enfants au Centre. Trop dangereux au cas où le temps se serait levé. Les familles étant trop pauvres pour acheter de la nourriture, nous les avons fait venir au Centre. Nous avons été acheté de la nourriture sèche (riz, spaghetti, huile…) pour qu’ils tiennent jusqu’à la réouverture.

Heureusement sur Port- au- Prince nous avons été épargné. Nous avons eu des pluies ainsi que du vent pendent 3 jours. Les familles de nos enfants qui ont des habitations précaires ont eu de l’eau qui passait au travers des trous des toits en tôles. Ils sont arrivés un peu grippé au Centre. Nous avons acheté des vitamines et faisons au mieux pour leur donner une nourriture équilibré. Seulement, la nourriture avait déjà augmenté ces derniers mois à cause de la montée fulgurante de la monnaie local (la gourde). Actuellement, avec les dégâts causés, les cultures étant détruites, je n’ose pas imaginer ce que cela va produire sur l’inflation. Nous sommes dans le questionnement le plus total sur ce que nous allons devenir. Arriverons nous à rester ouvert? Nos enfants pourront ils continuer à venir au Centre pour apprendre et avoir 2 repas par jours. Je sais pertinemment que vous devez être sollicités de toute part, seulement je me dis que 2 .- par jours est une somme dérisoire en Suisse. Sur un an cela donne 720.- et je peux vous dire que cela fait beaucoup ici. Je viens vers vous, pas pour moi, mais pour eux. Ce n’est pas facile pour moi de vous demander cela en sachant que vous nous suivez depuis 2010. Seulement en vivant ici, en recevant toutes ces demandes, je dois à chaque fois me torturer en me questionnant: laquelle et la plus urgente, la chose n’est pas évidente.

 

Bien à vous, Mady