Les premiers contact: entre joie et révolte

 

 

Premiers jours à Delmas 19. Des visages, des sourires, des enfants, des adultes, des embrassades sans fin, des « Mady!Mady! Mady! ». J’ai l’impression que je connais ces personnes depuis longtemps.. C’est la joie gratuite à partager. J’oublie vite l’environnement: la poussière de ciment qui traverse tout, les routes défoncées, la boue, les habitations de tôle et de toile que l’on ne peut pas appeler des maisons, des endroits où l’on étouffe, où l’hygiène la plus simple est un luxe inconnu. J’ai été convaincu dès le départ de la nécessité de ce projet. Après quatre jours, c’est devenu une certitude, une priorité, un objectif à atteindre le plus rapidement possible pour ces enfants qui vivent dans la rue.

 

La joie est ternie cependant par une double révolte. La première contre les conditions de vie que j’ai rencontrées dans un orphelinat où Mady a travaillé. Ce que j’ai vu dans le groupe d’enfants handicapés m’a bouleversé. Je pensais stupidement que de telles conditions inhumaines n’existaient plus. L’autre révolte est plus globale. Comment peut-on abandonner des êtres humains dans des conditions de vie qui sont celles de Delmas 19? La saleté, la faim, l’absence de soins de base sont le quotidien d’enfants qui n’ont que leurs yeux, leurs « Comment tu vas? » et leurs rires pour montrer qu’ils existent.

 

Je suis ici depuis cinq jours. Merci à Mady et son action de me rappeler que je suis un nanti. Merci aux enfants de Delmas 19 de me montrer que les pauvres parmi  les pauvres conservent une volonté de vivre à  partager.

 

Jean-Luc Lambert